lundi 12 septembre 2011

C'est quoi, hips !, un blog ?

Depuis quelques semaines, j’ai de nouveaux commentateurs dans mon blog politique. J’ignore d’où ils viennent, probablement de chez Didier Goux vu que certains sont bien réacs. Ils sont très difficiles à gérer, probablement parce qu’ils ne savent pas ce qu’est un blog. D’ailleurs, j’en ai fait un billet pour faire suite à un de Didier, qui semble avoir les mêmes problèmes.

Ce qui me fait dire qu’ils ne savent pas ce qu’est un blog est qu’ils donnent un tas de conseils péremptoires et qu’ils s’imaginent dans un lieu public. D’ailleurs, le seul argument qu’ils ont est « si vous n’aimez pas les commentaires, vous n’avez qu’à les fermer ou même tenir des blogs en accès restreint. » S’en suivent un tas de considérations philosophiques débiles dignes de ces réactionnaires qui cachent un monceau de vide derrière un tas de littérature…

Il est temps de leur dire ce qu’est un blog ! Et je vais le faire par analogie avec les bistros, pas parce que c’est mon thème fétiche et que j’aime bien les discussions légères, mais parce que ça correspond tout à fait à la réalité.

Par exemple, la plupart des gens s’imaginent qu’un bistro est un lieu public. Il n’en est rien, c’est un lieu privé ouvert au public. Le taulier y est le seul responsable, il y fait ce qu’il veut, dans le cadre de la loi, de la réglementation locale et, éventuellement, d’un contrat de gérance. Quand un client est chiant ou désagréable avec les autres clients, il a le droit, voire le devoir, de le virer.

Le blogueur doit vérifier que les commentaires sont bien dans le style de la maison, qu’ils ne feront pas fuir les autres lecteurs, …

Tous les jours, le patron doit imaginer un plat du jour qui devra non seulement plaire à ses clients, les habitués surtout, pour s’assurer qu’ils reviennent régulièrement, mais les nouveaux aussi. Le plat du jour est important, le client est habitué au style de la bouffe de la maison, mais il arrive toujours un moment où il se dit que c’est toujours pareil. A côté du plat du jour, il y a la carte, qui doit être suffisamment fournie pour tenir compte des souhaits de tout le monde mais pas trop, sinon il est impossible de garantir la fraicheur des produits.

Le blogueur doit générer du contenu au quotidien. Des billets de fond, des billets légers,…

Le client aime bien la décoration de l’établissement, ce machin qui crée l’ambiance. Il aime bien les décors en bois sombre, ça fait un peu cosy, on y est bien. Mais le client n’y va jamais parce que c’est trop sombre, trop intime, il trouve que ça ne fait pas propre, il a toujours les mêmes têtes à côté de lui. En terrasse, le client gueule parce que les tables sont trop serrées mais il gueule aussi quand, avec ses cinq collègues, il ne trouve pas un endroit pour déjeuner.

Le blogueur doit mettre les mains dans le cambouis, pour tenir sa boutique, comme il imagine qu’elle doive l’être pour enchanter ses lecteurs.

Le patron doit être tôt le matin, avant l’ouverture, pour sortir la terrasse si la société en charge de l’entretien n’est pas passée. Il doit être là le matin au cas où le chef cuistot ne se pointe pas. Il doit savoir prendre les mesures qui s’imposent, voire faire la cuisine lui-même et déléguer son comptoir à un de ses serveurs. Le patron doit être là, le soir, pour assurer la fermeture, faire la caisse, compter les tickets restaurants… Le patron doit prévoir deux services sept fois par jour, en tenant compte de la rotation du personnel, cuistots et serveurs, … Le patron doit gérer l’imbécile de livreur de bière qui arrive pendant le service du midi et qu’il faut ouvrir la trappe de la cave en déplaçant quelques tables de clients.

Le blogueur doit faire attention à un tas de détail, un compteur de visites qui déconne, une blogroll où tout le monde doit être, un Twitter où il doit surveiller ce qu’on dit de lui…

Mais le matin, au café, et le soir, à l’apéro, le patron est derrière le comptoir. Il doit parler avec des clients, être poli, faire croire qu’il est pote…

Le blogueur doit se mettre bien avec ses commentateurs.

Le client va gueuler parce que le pinard est trop cher mais si le patron baisse « en gamme », le client n’aimera pas son pinard et ne reviendra pas.

Le blogueur se fait taper dessus pas ses lecteurs s’il a un coup de blues.

Et le client va donner un tas de conseils au patron. Mais le client ne connaît rien, s’il n’est pas lui-même patron de bistro.

Le blogueur va recevoir un tas de conseils. Tu devrais faire un billet sur tel sujet. Tu devrais mette ta bloguerolle en mauve et pas en violet, …

Et le client va engueuler ses potes. Hé ho ! C’est à toi de mettre une tournée, j’ai déjà mis la mienne. Et le patron doit savoir qui a payé quoi et mettre tout le monde d’accord.

Et le blogueur doit séparer ses commentateurs qui s’étripent pour savoir si les 35 heures sont la création de Martine Aubry ou de Dominique Strauss-Kahn, parce que les autres lecteurs n’en ont rien à cirer et commencent à s’impatienter.

Alors le patron vire des clients. Le blogueur efface des commentaires.

La vie, quoi !

Je vous offre un verre ?

Un blog n'est pas un forum. Un blog n'est pas la buvette du Parc des Prince qui aura toujours des clients à qui on pourra fournir des bouteilles d'eau sans bouchon pour qu'elles se vident s'ils les jettent dans la foule.

Chacun ses contraintes. Mais il ne faudrait pas que les commentateurs de blogs se comportent comme des supporters du PSG.

(photo)

24 commentaires:

  1. Excellent biyé qui dit les choses exactement comment y faut : "bien chaud, bien parisien,faut-y vous l'env'lopper ?"

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  2. Excellent m'sieur. Un blanc cass' pour moi!

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  3. Tu as raison, ne te laisses pas faire!
    Un demi pour moi, merci.

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  4. J'adore ce type de billet, mais je ne vais pas le dire à chaque fois, je vais passer pour un fayot

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  5. Xapur,

    Merci ! Tu auras une bière.

    FalconHill,

    Il faut fayoter pour avoir une bière. Gâteux.

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  6. Bon, le patron marmonne tout seul, je repasserai un autre jour, il doit être fatigué.

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  7. Je souris: j'ai été la première blogueuse à écrire "bloguerolle", et je ne suis plus la seule.

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  8. J'ai pas eu le temps de commenter tout à l'heure mais j'ai beaucoup apprécié ce billet, qui tombe pile pour moi et m'a fait du bien en le lisant, merci !

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  9. L'analogie est bien trouvé.
    C'est un excellent billet.

    Moi je veux bien un monaco!

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  10. Guillaume,

    C'est moi qui te remercies !

    Shaya,

    Tu auras juste un Vittel grenadine. Tu es trop jeune.

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  11. on est pas loin de 40 alors on va pas chipoter. Un demi pour tout le monde ! yep

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  12. Finalement, la seule différence c'est que, nous, on ne ramasse pas la monnaie à la fin…

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  13. j'ai pas ta maitrise du comptoir, (mais je m'entraine), tu a écrit «deux services sept fois par jour» c'st pas plutot «deux services sept fois par semaine»

    très bon billet je conseillerai la maison a mes amis

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  14. Bravo pour ta définition d'un blog... Je vais rarement au bistro, mais j'aime bien le parallèle.

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  15. la comparaison est pertinente. Ce sera la même pour moi stp. Tu la mets sur ma note ?

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  16. Très belle note, le parallèle est excellent. Respect.

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  17. Princesse,

    Merci !

    Vlad,

    Non, c'est ma tournée !

    Philippe,

    Tu devrais !

    Lolo,

    Entraine toi !

    Didier,

    C'est dommage...

    Monique,

    Hips !

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