Refiscalisation des heures supplémentaires ?

Dans sa grande sagesse, le Sénat a supprimé le dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires. Ces évolutions de la loi seront probablement retoquée par l’Assemblée Nationale. Il n’empêche que lire (en diagonale) les propos de Valérie Pécresse est amusant.

« «Nos philosophies sont profondément différentes; nous ne croyons pas, nous, que le travail se partage», a lancé la ministre. Cette mesure «bénéficie à 9 millions de salariés, qui gagnent 1.500 euros en moyenne et perçoivent ainsi en moyenne 450 euros de plus par an», s'est-elle exclamée. »

Nous allons commencer par un petit calcul : 450 euros par an représentent 37,5 euros par mois, soit 2,5%.

Ensuite, des faits personnels… Les seules personnes que je connaisse qui bénéficient réellement des heures supplémentaires défiscalisées sont les garçons de café. Ben oui… Auparavant les heures supplémentaires étaient payées au noir, elles sont maintenant déclarées.

A noter que ça profite beaucoup aux patrons de bistro : les paiements par ticket restaurant et par carte bancaire, en forte croissance depuis quelques temps font que les recettes en liquide diminuent fortement. En payant les heures supplémentaires au black en liquide, les patrons de bistro, bien obligés de déclarer un peu de black, ne pouvaient plus faire de « vraies recettes au noir ». Avec la défiscalisation, c'est réparé : les recettes en liquide sont pour la poche du taulier...

Personne n’est en mesure de savoir combien de salariés bénéficiaient d’heures supplémentaires, au black ou pas, avant 2007.  Le chiffre de 9 millions ne correspond en aucun cas au nombre de gugusses qui gagnent plus de pognon maintenant.

Par ailleurs, l’effet d’aubaine est évident : un patron d’une boite qui voit sa production augmenter de 10% n’a plus besoin d’employer 10% de salariés supplémentaires, il suffit  d’augmenter le temps de travail de 10% puisque, avec la défiscalisation, ça coûte moins cher.

« Nos philosophies sont profondément différentes; nous ne croyons pas, nous, que le travail se partage ».

Je vais donc illustrer ce billet avec l’évolution du chômage en France, puisque l’UMP a si bien réussi à le partager. Illustration faite par mes soins, certes avec des dates et une échelle qui m’arrangent mais pas prises par hasard et les vrais chiffres de l’Insee.

J’espère que ça fera plaisir à M. Baroin de savoir qu’une effraction est parfois efficace.