mercredi 17 septembre 2014

Malgré l'illettrisme, les mots ont un sens

Suite à la sortie d'Emmanuel Macron, on a beaucoup parlé d'illettrisme, aujourd'hui, le Front de Gauche estimant que c'est insultant et préférant nier le problème : environ 20% de nos citoyens éprouvent des difficultés face à l'écrit et ça leur pose des problèmes. J'en ai fait un billet sur le blog politique. 

Ce soir, je tombe sur ce tweet. 


Il faudrait que l'on réfléchisse, maintenant, à la définition de tare. Pour moi, c'est un handicap. Et l'illettrisme en est un. Nous réfléchirons demain au sens du mot handicap. Les mots ont un sens. 

Ce qui me fait faire un billet est la réponse qui est faite à ce tweet. Un connard a décidé que Macron méprise les illettrés parce qu'il a employé le terme "illettré". 

Je vais lui expliquer, à ce con, puisque les mots ont un sens. Si je dis qu'il y a trop de pauvres en France, ce n'est pas insultant pour les pauvres. Je ne les méprise pas. Si je dis que les homosexuels sont mal perçus en France, il n'y a pas d'insulte. Si je dis que que les noirs et les arabes suscitent de mauvais sentiments dans la France profonde, il n'y a rien contre les arabes et les noirs. 

Si cet abruti veut que je parle des mal-sexués et des mal-colorés ou des mal-enrichis, c'est lui qui est odieux et mérite des baffes. 

La gauche est à la dérive. Elle ne veut plus parler de la pauvreté, de l'illettrisme, du racisme, de l'homophobie autrement qu'en parlant des mots. Ça me rappelle un épisode de cet été au cours duquel je me suis fâché avec un copain des leftblogs. L'épisode de ce jour me renforce dans mes certitudes. Ne faisons pas les cons avec les mots. 

Ils ont un sens. 

Maintenant, expliquons à ce crétin de Twittos qu'il est moins facile de trouver un boulot quand on maîtrise mal la langue et que trouver méprisant le terme "illettré" est mépriser ceux qui ont du mal à lire un texte. 

S'il ne comprend pas mes propos, c'est qu'il est illettré. 

Les types de la vraie gauche se plantent lamentablement en voulant rebondir sur les mots des ministres pour les casser. 

Je pose la question : peuvent-ils ignorer qu'est plus difficile de trouver du boulot quand on n'a pas le permis de conduire ou qu'on ne sait pas lire ?

Il faut arrêter de mépriser le peuple. S'il ne sait pas lire, il faut faire avec. 

À gauche, on se renvoie souvent à la tronche l'expression. "Faire le lit du FN". Si des gugusses de gauche commencent à expliquer que l'illettrisme ne pose pas de problème aux illettrés, la bataille est perdue. 

Le plus délirant, dans cette histoire, est que tout le monde connait des illettrés. Cette après-midi, j'avais une conférence téléphonique. Les mots ont un sens. J'avais rendez-vous avec différentes personnes de toute la France pour qu'on fasse une réunion par téléphone parce qu'il aurait coûté trop cher de faire venir tout le monde à Paris. Il faut donc appeler un numéro spécial puis le numéro de la conférence. Et hop ! On se retrouve en ligne à 6 ou 7 personnes. C'est une pratique courante. Et c'est anecdotique. 

Toujours est-il que des participants ont mis plus de 25 minutes à se connecter. Je ne plaisante pas. Tout ça parce qu'ils n'arrivaient pas à appliquer les instructions écrites dans un mail (composer un numéro de téléphone en fonction du pays puis le code de la conférence suivi de #). (D'ailleurs je ne rigole pas avec ce dièse, on a expliqué aux braves gens comment faire avec leurs téléphones portables, ils ne comprenaient pas le mot "dièse". J'ai eu un coup de génie j'ai parlé de hashtag). (Cette anecdote ne pouvant s'inventer, elle est véridique...). J'ai moi-même eu du mal à me connecter... Jusqu'à ce que je pense à lire les instructions.  

L'illetrisme est partout. Y compris chez nous. Je parle d'une équipe de types qui sont ingénieurs en informatique. Je parle parfois de leurs problèmes pour rédiger un texte en français alors que n'importe quel abruti pourrait le faire avec trois grammes d'un comptoir de bistro. 

Ils ne savent pas lire un texte de 10 lignes. 

La touche "dièse" d'un téléphone est devenue la touche "hashtag" et des crétins de Twitter nous expliquent que parler d'illettrisme est méprisant. 

Pauvre con. 

9 commentaires:

  1. Qui'ils lisent un mode d'emploi de chez IKEA ou autre et ils vont traiter ceux qui les ont rédigés d'ylaitrès

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  2. Entre parenthèses, la Michelle Bourgoin que vous citez n'en est pas très loin, de l'illettrisme, avec ses deux énormes fautes, que je ne faisais déjà plus vers neuf ou dix ans…

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  3. Les mots ont un sens, oui.
    Il faut cependant faire le distinguo entre une qualité (ou défaut) qu'on peut corriger (l'illettrisme) et ce qui relève de l'identité "naturelle" d'une personne, l’immuable. Je réagis sur l'argument suivant: " Si je dis que les homosexuels sont mal perçus en France, il n'y a pas d'insulte. Si je dis que que les noirs et les arabes suscitent de mauvais sentiments dans la France profonde, il n'y a rien contre les arabes et les noirs".

    Si l'on accepte cet argument, il faudrait donc accepter que l'on parle de "La musulmane et l'Ayatollah Najat V. Balkacem" (Valeurs Actuelles), "du juif untel" ou du "Nègre bembelly" etc... Non. Ces propos ne sont pas à mettre au même niveau qu'un simple qualificatif sur l'illettrisme. Enfin, je ne pense pas ce macronnage possible...

    Les mots ont donc un sens, on est d'accord.
    Mais, gardons-nous de tout mélanger!

    Friendly.

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    1. « Mais, gardons-nous de tout mélanger! »

      C'est pourtant exactement ce que vous faites dans votre paragraphe précédent, en mettant sur le même plan des choses fort différentes.

      Si je parle de "la musulmane Belkacem", je ne fais qu'indiquer sa religion ; si j'évoque "l'ayatollah Belkacem", cela devient une attaque, certes, mais d'ordre politique et, par conséquent, tout à fait recevable ; en revanche, si je parlais du "nègre Bembelly", là il y aurait insulte ou, à tout le moins, volonté délibérée de dépréciation. Donc, ces trois choses n'ont que peu à voir entre elles.

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    2. Monsieur Goux,
      Les mots sont vecteurs de maux, et votre habitus en la matière, disons, vos facultés ès-lettres m'autorisent à vous inciter à plus de vigilance pour éviter ... les maux des mots...

      Bonne journée
      (@bembelly)

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    3. Bem, si tu ne veux pas employer des mots, tu ne peux pas combattre ce qu'il y a derrière.

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    4. Vrai, sauf que...
      Le problème n'est pas d'interdire l'utilisation de certains mots (personne ne le demande d'ailleurs), mais (et c'est dans ton billet), le sens que l'on donne aux mots. Oui, les mots ont un sens...
      Tiens, puisqu'on en parle, Emmanuel Macron s'est excusé, oui on peut se tromper par inadvertance, c'est la vie...

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  4. Par rapport à la réponse de Didier Goux, Bem, j'avoue que tu parles de NVB, "untel" et "Bembelly" ce qui fait que tu dénonces précisément des gens et que tu cherches à les atteindre.

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