L'affaire Sarkobira pour les nuls !

La justice française soupçonnait l'ancien président de la République d'avoir reçu un financement illégal pour sa campagne de 2007. Le juge d'instruction a décidé de le mettre sur écoute.

L'avocat de Nicolas Sarkozy a appris que l'ex était sur écoute. Il a donc acheté deux nouveaux téléphones anonymement mais ils se sont faits repérer à cause d'une erreur grossière.

Le juge a décidé de mettre le nouveaux téléphone de Nicolas Sarkozy sur écoute et, lors de la première conversation, il a découvert deux choses.

Petit 1 : que l'avocat et son client étaient particulièrement bien informés du déroulement de l'enquête, y compris à propos des écoutes,

Petit 2 : que l'avocat avait été de nombreuses fois en contact un magistrat suffisamment bien placé pour être susceptible d'avoir donné les renseignements et que Nicolas Sarkozy allait le favoriser dans une mutation à Monaco pour le remercier.

Nicolas Sarkozy ayant passé quelques jours à Monaco, le juge a fait fonctionner ses neurones. Il s'est dit : ah mais c'est louche, j'ouvre une nouvelle enquête et j'informe ma hiérarchie.

Le tout arrive dans la presse et l'avocat de Nicolas Sarkozy fait diversion en hurlant qu'il était sur écoute, ce qui n'est a priori pas vrai. Quoi ! C'est lamentable ! Un avocat sur écoute ! Quelle honte ! Les citoyens ne peuvent pas se défendre. Et tout ça... Quelques avocats reprennent l'argumentation puis c'est au tour des blogueurs réactionnaires comme de l'UMP !

La question se pose alors : le gouvernement était-il au courant ? A-t-il laisser placer un avocat sur écoute ? A quel point les socialistes manipulent les magistrats ? N'auraient-ils pas eux-mêmes ordonné la mise sur écoute d'un avocat ? Ma bonne dame, vous vous rendez compte, nous sommes en pleine dictature socialiste. La démocratie est en danger et tout ça.

Ca aurait du en rester là mais la Garde des Sceaux fait une double maladresse. Elle dit qu'elle n'était pas au courant, ce qui est peu crédible et, évidemment, la presse trouve des preuves. Mais en plus, elle le dit maladroitement. Elle aurait du dire qu'elle n'est pas au courant des détails mais savait que Nicolas Sarkozy était sur écoute. 

Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, passe alors à la télé et dit que mais si ils étaient au courant que des écoutes avaient mis en lumière un nouveau bordel.

Hop ! Les andouilles de l'UMP, très pressées d'enfoncer la gauche et de faire diversion par rapport au sujet initial (ce qui a été découvert par les écoutes, qui confirment d'ailleurs le sérieux du sujet précédent : le financement de la campagne 2007), hurlent à nouveau et exigent la démission de la ministre.

La presse, toujours à la recherche de ce qui pourrait être un scandale d'Etat rebondit alors sur les propos des ministres et chaque journal cherche à sortir un scoop : Hollande va exiger la démission de Taubira ou des trucs comme ça.

Ce qu'elle ne savait pas, Madame Taubira, est que l'avocat n'était pas sur écoute... Son mensonge n'en est pas donc pas un vrai. Elle ne connaissait pas les détails et ne pouvaient pas savoir si l'avocat était sur écoute puisque personne ne lui a rien dit. Mais elle ne pouvait pas savoir qu'il n'était pas sur écoute.

Il y a donc bien une gigantesque opération d'enfumage, lancée par l'avocat pour protéger son client en faisant une diversion qui est reprise par l'UMP pour noyer le poisson, d'autant que beaucoup souhaite un vrai bordel pour que Nicolas Sarkozy ne puisse pas revenir... 

N'oublions pas l'affaire à l'origine : la justice soupçonne Nicolas Sarkozy d'avoir obtenu un financement occulte pour sa campagne de 2007...