Le modèle de gauche ?

En faisant ma revue de blog, je suis tombé sur ce billet de l’ami Guy avec un éditorial de Valeurs Actuelles de François d’Orcival. Guy met en avant le début : « Depuis un an, l’électeur de droite n’a qu’une idée en tête : comment se débarrasser des socialistes. Cette idée n’a fait que prendre plus de force et de consistance à mesure que la gauche légiférait. La loi sur le mariage aura servi de révélateur. C’était, on le voit maintenant, l’acte I d’une attaque délibérée contre la famille porteuse de valeurs de droite. Elle se poursuit par un acte II, le matraquage fiscal supplémentaire pour les mêmes (à travers le quotient familial) : avoir des enfants quand on a plus de 5 000 euros de revenu doit être pénalisé. Le modèle de gauche, c’est : célibataire, homosexuel, sans enfants. Acte III : la “socialisation” par l’école dès l’âge de 2 ans pour soustraire les tout-petits à leurs parents… »

Je vous le remets car il tombe pilepoil avec les sujets de billets que j’ai faits ici cette semaine ou que j’ai lu dans des blogs réactionnaires : « Le modèle de gauche, c’est : célibataire, homosexuel, sans enfants. »  Heu…

Reprenons…

« Depuis un an, l’électeur de droite n’a qu’une idée en tête : comment se débarrasser des socialistes. » Ben oui ! Pendant 5 ans, on a tenté de se débarrasser de Nicolas Sarkozy…

« Cette idée n’a fait que prendre plus de force et de consistance à mesure que la gauche légiférait. » Ben oui, tant que le Gouvernement de droite ne légiférait pas, on ne gueulait pas…

« La loi sur le mariage aura servi de révélateur. » C’était le thème d’un de mes billets aujourd’hui. Je remercie M. d’Orcival de confirmer ce que je disais.

« C’était, on le voit maintenant, l’acte I d’une attaque délibérée contre la famille porteuse de valeurs de droite » Premier mensonge : ce n’est pas une attaque délibérée contre, etc. C’est la défense des valeurs de gauche, du moins d’une grande partie de la gauche, et une promesse électorale importante. Et surtout, l’égalité des droits…

« Elle se poursuit par un acte II, le matraquage fiscal supplémentaire pour les mêmes (à travers le quotient familial) : avoir des enfants quand on a plus de 5 000 euros de revenu doit être pénalisé. » Quand Nicolas Sarkozy faisait voter une augmentation de la TVA de 15 milliards pour tout le monde, c’était essentiellement le matraquage des plus démunis. Ce monsieur (et la droite) n’a pas dit comment financer la branche vieillesse.

Quant à pénaliser le fait d’avoir des enfants quand on a plus de 5000 euros, ce n’est pas une mission que s’est donnée la gauche.

« Acte III : la “socialisation” par l’école dès l’âge de 2 ans pour soustraire les tout-petits à leurs parents… » Heu… La scolarisation à 2 ans est un truc qui avait été quasiment démantelée par Nicolas Sarkozy (et lors du quinquennat précédent : le nombre d’enfants dans ces classes a été divisé par 3 en 10 ans).

Un de ces jours, on va trouver des réacs qui vont prétendre qu’on veut mettre les enfants dès la naissance en pensionnat pour lui donner complètement toute la bonne éducation officielle.

François d’Orcival tente ainsi de décrire un modèle de société de gauche qui ne viendrait à l’esprit de personne. C’est le problème que j’ai rencontré avec les blogueurs réactionnaires, cette semaine. Ils s’imaginent à un tas de choses fausses. C’est mal.

C’est mal parce que ça empêche tout débat. Tiens ! Comment finance-t-on la branche vieillesse de la sécurité sociale ? Est-ce qu’on doit augmenter les recettes, réduire les prestations, changer radicalement l’administration ? Si on doit augmenter les recettes ou réduire les prestations faut-il le faire de manière unilatérale pour tous ou en fonction des revenus ?

Non. Ils s’en foutent, nos réactionnaires ! Il ne faut que chercher des volontés idéologiques idiotes à la droite (en l’occurrence détruire les familles aisées et non pas financer un système de protection sociale monté après la guerre).

Il va falloir qu’ils se reprennent, sinon les débats vont être tristes. Qu’ils arrêtent l’idéologie de bas étage.

Mais j’aime bien quand un réactionnaire montre son vrai visage en quelques lignes : ça m’amuse.

Bon, le modèle de gauche étant l’homosexualité, je vais aller au bistro pour éviter de tomber sur des bonnes femmes.

Cela étant, la suite de son éditorial est assez intéressante mais presque contradictoire : il fait une erreur sur les différences droite - gauche parce qu'il se trompe sur la gauche.