vendredi 10 décembre 2010

Le stress des cadres

Alors que l’on reparle du stress des cadres, le récent déménagement de mon bureau m’a montré l’évolution du temps de transport sur l’ambiance au bureau, le vague changement de comportement de certains. A la réflexion, c’est évident mais on a trop tendance à l’oublier.

C’est pourtant ce que fait cette dépêche à propos du stress. Elle oublie aussi les conditions de travail alors que la photo qui l’illustre (que je reprends ici) illustre aussi cette deuxième évidence. Comment voulez-vous qu’un type assis à moins d’un mètre cinquante de son voisin puisse être calme quand il doit chuchoter quand il répond à la nourrice, au téléphone, qui appelle pour dire que le petit a vomi ? Comment voulez-vous qu’il puisse respirer quand il ouvre sa messagerie privée et que n’importe qui, qui passe derrière, peut lire ses messages ?

J’ai la chance d’avoir un bon bureau mais je vais parfois visiter des fournisseurs ou des clients, entassés dans des pièces plus ou moins grandes, nous recevant dans le local du photocopieur parce qu’il n’y a pas assez de salles de réunion. Je ne vous parle pas des éclairages trop violents, des chauffages défectueux qui obligent à garder une écharpe ni, au contraire, des bureaux sans climatisation ou avec une clim impossible à régler.

La dépêche que j’ai mise en lien pointe la surcharge de travail et les gadgets électroniques qui obligent à réagir plus vite, amènent un surplus d’information et empêchent d’être coupé du travail en dehors des heures de bureau. Ce sont pourtant les seuls leviers sur lesquels ils peuvent jouer. Personne n’a jamais été licencié parce qu’il n’a pas regardé sa messagerie électronique à 19h30 ou parce qu’il a dit à son chef qu’il devait aller chercher le petit à la crèche parce que le conjoint va à sa leçon de piano. Personne ne s’est fait engueuler pour avoir quitté une réunion improductive hors sujet.

Par ailleurs, je vous conseille, amis cadres, de calculer le temps de travail réel de vous-mêmes et de vos voisins de bureau. Vous arrivez à 9h30 et repartez à 18h et vous mettez 45 minutes pour bouffer, vous enlevez un quart d’heure de pauses café. Il reste donc 7h30 de temps possible de travail, au lieu des 8 heures que vous êtes censés faire. Vous enlevez le quart de discussion avec vos voisins parce que l’équipe de France a vraiment mal joué, la veille, le quart d’heure perdu à rechercher sur Internet une location pour les vacances, le quart d’heure de perdu parce que vous ne maîtrisez pas Powerpoint. Nous en sommes à 6h45. Vous enlevez le quart d’heure perdu à lire le compte rendu de la réunion alors qu’il aurait suffit de jeter un coup d’œil au « relevé de décisions » à la fin et le quart d’heure perdu parce que vous avez vous-mêmes fait un compte rendu de quatre page alors qu’une aurait suffit, d’autant que personne ne va le lire. Nous en sommes à 6h15. Vous enlevez le temps passé en formules de politesse et « de convenance » au téléphone avec des braves gens alors qu’un mail d’une ligne aurait suffit : « Tu peux me confirmer l’heure de la réunion de mardi ? Merci ».

Je ne plaisante pas, vous pouvez vérifier. Un cadre qui se plaint d’avoir trop de travail est probablement productif moins de six heures par jour. Sans compter le temps passé dans des réunions oiseuses ou des démarches administratives qu’une secrétaire pourrait accomplir en dix minutes (ce dont j’ai parlé plusieurs fois dans mes blogs) ou à rechercher des conneries dans le superbe intranet mis en place pour lui faire gagner de l’efficacité.

Vous avez compté, pour vous ? Vous trouvez 7h30 ? Vous avez compté la fois où vous êtes sorti pour acheter une tringle à rideaux au Monsieur Bricolage à cinq minutes ? Vous avez compté l’appel de votre conjoint qui a oublié ses clés ? Vous avez oublié les cinq minutes à rechercher un mail et les dix à archiver et trier vos messages ? Vous avez oublié la recherche des horaires de train pour un déplacement professionnel ? Vous avez oublié la réunion où un participant est arrivé cinq minutes en retard ?

Je ne suis pas remonté contre les cadres. Leur salaire net mensuel moyen est supérieur à 3800 euros par mois. Ils peuvent être stressés. Un smicard sera juste stressé parce qu’il n’arrive pas à payer l’électricité.

Alors que c'est bien connu, il n'est pas stressé par le temps de transport, par les conditions de travail et par un encadrement étouffant. 
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8 commentaires:

  1. Le stress pourrait être reconnu comme critère de pénibilité, mais je sais déjà que nous ne serons jamais d'accord. Ce n'est pas la première fois que nous évoquons ces sujets...

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  2. Tu as raison sur bien des points, notamment le fait que l'article mis en ligne est un peu caricatural. Le tien l'est aussi un peu quand même...

    Je crois que les cadres sont assez peu bien traités par moment. Je parle des cadres moyens.

    Pour autant tu as bien raison sur les réunions qui ne servent à rien (j'en sors là... soupir...)

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  3. Qu'est-ce que tu veux ? L'open-space ça vous laisse passer des courants d'air partout, normal de tomber malade, après. Faut pas s'étonner, aussi.
    (et je parle pas des fuites de cerveaux à cause de ces mêmes courants d'air, ne mélenchon pas tout, non plus...)

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  4. Justement, si, probablement !

    Au moment où on parlait de la retraite, je disais qu'il était impossible de savoir s'il était plus pénible d'être boulanger ou cadre...

    Mais ce que je veux dire est que le cadre étant responsable de l'organisation du travail, ce sont les cadres dans leur globalité qui sont responsables de leur propre stress.

    Tiens ! Le jour où mon collègue cadre arrêtera de faire des fautes d'orthographe dans ses documents (fautes signalées par Word), je ne lui rendrai plus ses machins corrigés d'un stylo rouge en me foutant de sa gueule : il ne sera plus stressé, et nous économiserons un quart d'heure tous les deux.

    Tiens ! Pas plus tard qu'hier, on s'est énervé, au bureau, sur un sujet que nous autres "cadres décideurs" jugions mineurs alors que les autres cadres le jugeait primordial parce que le sujet était mal formulé. Ce n'est qu'en pause, en discutant avec un gugusse (comme quoi les pauses sont utiles...) que j'ai compris qu'ils nous avaient expliqué comment ils avaient créé un incident dans le logiciel qu'ils testent (un cas d'école) pas les conséquences.

    Du coup, leur niveau d'adrénaline a monté d'un cran parce qu'ils n'étaient pas écouté par la hiérarchie et celui de la hiérarchie aussi, en pensant être entourée d'imbéciles qui les dérangent pour rien...

    Sans compter six fois une heure de perdue (nous étions six en réunion).

    A force d'auto alimenter le stress, ça rend le travail pénible. Mais je ne sais pas si ce travail pénible mérite d'être pris en compte pour la retraite.

    Par contre, la retraite fait partie de la réflexion du temps de travail et le temps de travail perdu par les cadres doit être pris en considération dans la réflexion globale.

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  5. Arg ! J'ai pris trop de temps pour répondre à Stef, j'ai loupé les autres.

    MHPA,

    On pourrait méditer des heures sur l'openspace.

    Yann,

    Oui, hein !

    FalconHill,

    Tu es où, là ? Au travail ?
    Mes remarques ne sont pas caricaturées du tout. Toi et moi, on est payés pour un job, pour une mission, si on arrive à organiser notre temps de travail en faisant bien notre boulot, on peut commenter pendant les heures de boulot.

    Pour moi, répondre à un commentaire, ça revient au même que de répondre à un mail ou à une sollicitation. Il faut que je sorte de mon dossier en cours puis m'y replonge avec la même concentration qu'avant.

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  6. 3800 euros par mois, pour moins de 6 heures par jour...Prof, c'est l'arnaque, en fait...Grrrr...On m'aurait menti ?

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