Nul ne sait comment évoluera la politique sur le web au cours des prochaines années. Tout ce qu'on peut constater c'est une différence de positionnement entre la gauche et la droite d'une part et l'évolution de la presse traditionnelle vers le web d'autre part parce que tout le monde sait que la presse politique papier est condamnée : c'est plus facile de lire un journal sur une tablette tactile... En outre, Twitter a provoqué beaucoup de changement dans "notre petit monde d'observateurs".
Que vont devenir les fournisseurs de "contenus militants" ?
Au fond, mes lecteurs le savent, je suis plus intéressé par
les blogs que par la politique. D’ailleurs, mon blog politique s’en
ressent : je fais plus de billets à propos des blogs que de la politique.
Et parfois, je fais semblant de faire un billet politique. Ce matin, j’ai fait
un billet pour défendre la tenue
vestimentaire de François Hollande uniquement pour voir dans quelle
direction allaient les commentaires. Cela n’a pas loupé : des twittos de
droite n’ont pas loupé de « s’indigner » sur le thème :
« Il est prêt à aller jusqu’à où pour défendre François Hollande. »
Ils n’ont pas vu, d’une part, que mon billet était
strictement humoristique et, d’autre part,…
Heu… Si mon billet était sérieux, il faut quand même bien
dire que François Hollande n’est pas assez inélégant pour ne pas faire
Président de la République et que la majorité des Français, dont moi, se
foutent totalement d’une cravate de travers. Du coup, il y en a un qui a même
avoué fouiller dans mes archives pour trouver tout le mal que je pouvais avoir
dit à propos de Nicolas Sarkozy, à un niveau physique. Pas de bol, ils rentrent
vierge et auraient du lire mon billet
de la veille où j’appelle à un peu de respect dans les blogs et où je
rappelle que je n’ai jamais critiqué Nicolas Sarkozy sur son physique.
Peu importe cette anecdote. Il n’est pas difficile
d’observer que le débat politique dans la blogosphère a bien été transformé
depuis quelques temps. Comme je suis avant tout blogueur, ça me préoccupe.
Première partie : où mes copains blogueurs sont
préoccupés
FalconHill tirait récemment un
sombre bilan de son année 2012 de blogage. Je l’ai largement repris dans
mon blog politique. Marco le reprend également
ce matin : « Je comprends le sentiment
désabusé du Faucon, renforcé par le fait que ses idées et ses souhaits pour la
société soient maintenant relégués au second plan alors qu’elles sont
incontestablement empreintes d’humanisme et de bon sens. Je serai très déçu
s’il renonçait. » « Et je partage
avec lui la perte de cet esprit de famille qu’était la blogosphère dans son
ensemble. »
Je ne suis pas sûr que Marco ait totalement raison. Le
Faucon est un copain. Je ne suis pas son porte parole mais je crois pouvoir
dire que « ses idées et ses souhaits pour la
société » n’étaient pas portés par l’UMP et « la
Sarkozie ». Ils ne sont donc pas « maintenant
relégués au second plan ». Je ne sais plus quel commentateur disait
chez moi que la droite française est morte au niveau de la représentation
politique. Néanmoins, Marco a raison sur un point : la gauche étant
maintenant au pouvoir, ce sont maintenant les idées de gauche qui font débat.
Deuxième partie : où les blogs de droite sont nuls
La gauche est au pouvoir mais les blogs de gauche restent
ultra dominants (voir l’article du Monde de l’autre jour) et il n’y a aucune
raison que ça change alors qu’on aurait pu l’espérer. C’était un peu l’idée d’un
de mes récents billets du blog politique. Je vais le résumer : les
blogs de droite sont peu nombreux et ils ne mènent pas un vrai débat
idéologique qu’ils soient d’opposition aux projets de la gauche ou de
préparation d’un projet politique pour la droite.
Je ne vais pas refaire un billet à propos des blogs
politiques de droite mais je vais prendre un extrait légèrement corrigé d’un
billet récent d’un blog de droite (que je ne cite pas parce que je ne veux pas
avoir l’impression de dénoncer, ce n’est pas mon souhait) qui reprend un de ses
propres billets d’avril 2012, avant l’élection. Un blogueur politique de droite
nous explique que « d'après un rapport validé
par la Cour des Comptes, la moitié de l’augmentation du déficit public sous le
quinquennat de Nicolas Sarkozy était due à un endettement antérieur. » Un blogueur politique de gauche mettra cinq minutes à
démontrer que, d’une part, la dette a aussi augmenté sous des gouvernements de
droite antérieurs et que, d’autre part, la dette augmente de manière à peu près
continue depuis une loi libérale faite par la droite en 1973.
Ce billet de blog – et plus
précisément cet extrait – est totalement inutile. Pour un motif quelconque (de
son choix, que je ne contestais pas), un blogueur de droite ressort un argument
erroné qu’il sortait avant l’élection pour défendre Nicolas Sarkozy. Quel
intérêt ? Ce blogueur met en avant les erreurs de la droite et tout ce qui
aboutit à son échec (en tant que blogueur de gauche, j’aurais tendance à être
beaucoup plus méchant, mais, dans ce billet, je ne serais pas dans mon rôle).
Troisième partie : où les
blogs de droite n’ont pas de contenu
Vous pouvez prendre n’importe quel
blog de droite, en dehors des « purs réacs » et des « purs
libéraux », soit des blogs susceptibles de soutenir réellement l’UMP… Vous
trouverez des contenus rigolos, des critiques de forme sur le Gouvernement et
le Président mais aucun contenu réellement politique depuis des mois.
J’en connais qui vont dire :
nananère, vous à gauche, c’est pareil.
Je vais démontrer le contraire
mais si ça vous gonfle, sautez directement à la conclusion de la troisième
partie.
Je vais prendre des exemples au
hasard. Le premier, moi. Le 20 décembre, un billet
complet et argumenté sur la réforme bancaire qui en suivait un premier.
Aucun des deux n’est réellement pro-gouvernement et ne va dans la tendance
gauchiste à la mode. Un billet le 19,
hors actualité, à propos de l’aménagement du territoire et de la Défense. Le
18, je faisais un billet
à propos de la réforme des retraites. Le 13, un billet
à propos du Grand Paris juste après un billet à propos de la fracture
numérique. Le 12, un billet
sur la sociologie électorale. Au mois de décembre, mois de faible actualité
politique, il y a chez moi 6 billets (je supprime celui sur la sociologie
électorale) avec du débat de fond (j’ai fait d’autres billets de fond mais qui
ne portent pas sur la politique et d’autres billets qui pourraient être
catégorisées de politique politicienne). Voyons mes confrères. Je passe les illustre
Seb Musset et Romain Blachier qui sont des gros bosseurs (mais je n’ai pas
accès leurs blogs) tout comme Sarkofrance (son annexe est un blog d’humeur
alors que je fais tout sur le mien et son blog principal est une chronique du
quotidien). Je passe aussi les blogs de nos amis du Front de Gauche qui ont un
vrai contenu idéologique (mais j’ai la flemme de les relire). J’en arrive à
Politeeks, attention, ça va charger la barque. Le 29 décembre, un billet expliquant
pourquoi il faut revenir à l’imposition de 2000. Le 28, les réquisitions
de logement. Le 27, un billet
de fond antilibéral. Un billet
de fond à propos du NAIRU (j’avais oublié ce truc là alors qu’il rebondit sur
un de mes vieux billets…), le 26. Le 18 (j’ai sauté plusieurs jours, faut pas
déconner non plus, je ne vais pas faire croire qu’il bosse plus que moi), un billet de fond pour
critiquer la politique de François Hollande et un billet complet sur la
fraude fiscale. Un billet
complet sur la pauvreté le 13. Un billet de fond sur
l’Education Nationale, le 9. Un billet pro gaz de
Schiste (donc pas dans la tendance gauchisante…), le 7. Un billet détaillé sur
Mittal, le 6. Le 4, un billet
à propos du tunnel Lyon Turin (dans mes billets je n’ai pas comptabilisé celui
de réponse que je lui ai fait, comme nous ne sommes pas d’accord, j’aurais du).
Le 1er, un autre billet sur
Mittal. Soit 12 billets, plus 6 chez moi. J’en arrive à Melclalex… Le 21, un billet
sur la réforme bancaire et les promesses de Hollande. Le 7, un
billet de comparaison Dexia vs. Veolia. Le 6, un
autre billet à propos de Mittal. Trois billets en plus à ma liste (c’est un
mois où il a beaucoup plus collé à l’actualité – le mariage pour tous, Mittal –
et son soutien à Montebourg que sur les sujets de fonds comme il le fait
habituellement, comme en novembre avec son long
billet pour relater sa rencontre avec Mosco). Si je compte bien, ça nous
fait 21 billets dont une partie qui va à l’encontre du Gouvernement ou n’a rien
à voir avec l’actualité politique immédiate. 21 billets travaillés avec du fond
politique, le tout dans trois blogs « en vue » (sachant que je n’ai
pas pris en compte les trois plus gros auxquels je suis abonnés : Seb,
Romain et Sarkofrance).
J’en reviens donc à mon billet.
J’en étais à : « J’en connais qui
vont dire : nananère, vous à gauche, c’est pareil. » Trouvez-moi dans la blogosphère de droite non
purement libérale vingt billets de blogs avec un tel fond politique qui dépasse
le stade « la cravate d’Hollande est de travers » ou « Depardieu
est maintenant Russe à cause des communistes français » dans des blogs qui
dépassent 100 ou 200 visiteurs par jour mais tenus par des gens qui ne sont pas
cadres du parti. Je reviendrais à ce seuil de nombre de visiteurs plus tard si
je pense.
Conclusion de la troisième
partie et de la deuxième tant que j’y suis.
Les blogs de gauche et les blogs
de droite sont bien différents. Les blogs de droite n’arrivent pas à produire
du contenu qui dépasse le point de vue du blogueur sur tel ou tel sujet plus ou
moins d’actualité.
N’y voyez pas une méchanceté de ma
part. L’UMP a été dans l’incapacité pendant cinq ans de produire du contenu
idéologique. Le Gouvernement précédent est revenu sur des mesures qu’il avait
prises, il n’y a aucune lisibilité. Les blogs libéraux, eux, offrent un vrai
contenu mais sont minoritaires et renient tout rapprochement avec l’UMP car
l’UMP a montré qu’elle n’était capable que d’une politique interventionniste.
Par contre, la gauche a mené de
nombreux débats depuis 2007 et les blogueurs de gauche ont été bien entraînés
aux débats (le congrès de Reims, les machins internes au PS de Titine, les
primaires… jusqu’à la « bataille » PS – FdG pour la Présidentielle et
les législatives). En outre, étant cinq ans dans l’opposition, c’était assez
facile de faire des billets argumentés et documentés sur beaucoup de sujets.
Quatrième partie avec la
cartographie de la « politosphère »
Alors que les blogs de gauche,
qu’ils soient plus ou moins proches ou éloigné du Gouvernement sont bien
présents depuis « toujours », ne serait-ce que parce qu’il est
beaucoup plus simple d’être dans l’opposition mais aussi parce que le type de
gauche a probablement plus l’esprit « militant » et aime bien les
débats internes.
Les blogs autour de l’UMP sont
presque absents mais ils commencent à revivre un peu : ils sont dans
l’opposition. Néanmoins, sur le Web, la droite est surtout présente via des
machines comme Atlantico ou Opposition Républicaine (pour ne citer qu’eux, mais
on pourrait ajouter Le Figaro qui, contrairement à ses homologues de gauche, a
une ligne politique fidèle à une organisation politique).
Les autres composantes de la
droite, à savoir les libéraux et la droite de la droite sont plus présents sur
les blogs que l’UMP mais ont aussi des gros sites tels que, respectivement,
Contrepoints et Fdesouche.
La gauche n’a pas l’équivalent de
Atlantico, Opposition Républicaine, Contrepoints et Fdesouche (il me semble que
j’en oublie un). Il y a bien des pureplayers plus ou moins à gauche et des gros
agrégateurs mais ce ne sont pas des machines militantes comme les quatre que
j’ai cité.
Conclusion de la quatrième
partie que l’on cumule avec les précédentes
Les physionomies du web à droite et à gauche
sont radicalement différentes. A gauche nous avons des blogs militants et à
droite des gros sites web d’information politique engagés.
Le journaliste qui est un peu
couillon ne voit pas cette différence.
Il parlera de blogs pour tout.
Cinquième partie : où la
sortie du classement Ebuzzing est importante
Si une brochette de plus ou moins
gros blogueurs est sortie du seul classement de blog (mais aussi site
d’information basé sur les blogs), c’est bien parce qu’il entretenait une
confusion entre les blogs et les sites d’information.
Contrairement à ce que certains
ont pensé, ce n’est pas un coup de colère.
Ebuzzing, pour des raisons qui lui
sont propres et qu’il ne m’appartient pas de discuter à profondément modifié la
cartographie du web politique. Nous ne nous en rendons compte que maintenant
mais il est probable que l’évolution dure depuis longtemps, probablement fin
2010 ou début 2011 : il suffit de modifier discrètement les algorithmes…
Les blogueurs ne peuvent pas lutter pour augmenter leurs nombres de
« like » ou de « RT ». Seuls des professionnels pouvaient
le faire.
Sixième partie : où il n’y
pas que ça, quand même.
Je n’ai pas la prétention de
décrire toutes les évolutions de la blogosphère politique. On a par exemple un
certains nombre de confrères blogueurs de gauche qui se sont lassés ou qui
n’ont pas su trouver leurs repères dans l’opposition. Les blogueurs de gauche
avaient, auparavant, une cible commune : Sarkozy et l’UMP. Maintenant, ils
sont beaucoup plus divisés.
Surtout, les deux dernières années
ont été particulièrement éprouvantes.
Septième partie : où je
retrouve FalconHill et Marco
Je citais Marco qui parlait de
FalconHill en début de billet. « Et je
partage avec lui la perte de cet esprit de famille qu’était la blogosphère dans
son ensemble. » Je pourrais faire trois pages pour argumenter mais
il me semble que mon billet est assez long et j’ai bistro.
Toutes les mutations de la blogosphère ont fait que l’esprit
des blogs a changé.
Je vais citer quelques exemples :
-
des copains sont partis ou ont ralenti et
nous avons eu la flemme de continuer à partir à la découverte d’autres blogs,
-
des
visiteurs « venus d’ailleurs » sont arrivés. Alors qu’auparavant
l’essentiel des commentaires de mon blog politique venaient d’autres blogueurs,
souvent des copains, ils viennent maintenant de je ne sais où, ils sont
hargneux (ils n’ont pas compris la différence entre les blogs et les sites d’information
où ils avaient l’habitude de ronchonner dans les commentaires),
-
nous-mêmes
sommes lassés.
C’est important. Prenons un type
au hasard : moi. J’ai été pendant trois ou quatre ans number one du bazar.
J’ai vite compris que ça ne servait pas à rien si ce n’est à me qualifier de
gros blog. Ca lasse. Alors je continue à aller avec autant d’appétit vers mes
copains blogueurs mais j’arrête d’aller encourager des glandus inconnus pour qu’ils
me refilent des liens pour monter dans les classements. Ne répétez à personne
cette dernière phrase. C’est un secret. La conséquence est que je ne m’ouvre
plus autant qu’avant vers d’autres blogs.
Aparté : A propos des blogs UMP sans contenu, je parlais de ceux « qui dépassent 100 ou 200 visiteurs par jour » et j’avais promis d’y revenir. Je disais que les
blogs ont peu de visibilité, surtout à droite où ils sont « recouverts »
par les quatre gros sites dont je parlais. A gauche, nous avions de la
visibilité « grâce au Wikio » et le copinage aidant, nous pouvions
envoyer et promouvoir des petits blogs. Ainsi, nous pouvions donner ne
serait-ce que l’illusion d’une influence. Un petit blog militant de droite a
beaucoup moins d’espoir d’avoir de la visibilité… Il est facile de
produire du bon contenu mais, pour le faire connaître dans les blogs, il faut
faire du réseautage social. C’est l’essence du blogage ! Le blog politique
qui se veut être une tribune politique et qui reste avec peu de visiteurs ne
reste qu’une tribune, ce qui ne retire rien à sa qualité et à son statut de
blogs. J’espère que je me suis bien fait comprendre…
Conclusion :
Nous avons quatre défis majeurs,
sur l’internet.
Je me fous du premier : les
blogueurs UMP auraient intérêt à se bouger le cul s’ils veulent exister.
Le deuxième : faire en sorte
que le contenu « de fond et de qualité » qu’on sait produire dans nos
blogs de gauche (en moyenne un ou deux billet par semaine ?) soit plus
visible que les trucs bidon qui ne valent pas l’éditorial d’un journal local.
Le troisième : faire en
sorte que le web de gauche soit plus visible que le web de droite qui dispose
de médias industriels tels que Contrepoints, Atlantico, Fdesouche et
Opposition Républicaine.
Le quatrième, le plus important :
retrouver le plaisir de bloguer, ce qui ne peut se faire que dans le réseautage
social plus que dans le militantisme. Retrouver le blogage avec les copains.
Tu t'es lâché sur ce billet !
RépondreSupprimerOui.
RépondreSupprimerRetrouver le plaisir de bloguer, oui !!
RépondreSupprimerFalconhill, Bembelly, Disp,
RépondreSupprimerOui.
Moi, je me souviens d'un type (mais c'était il y a vachement longtemps) qui, dans ses conseils aux jeunes blogueurs, disait : « Ne faites pas de billets trop long, personne ne les lira jusqu'au bout. »
RépondreSupprimerMe d'mande c'qu'il est dev'nu, çui-là, tiens…
Z'avez raison le vieux. C'est pour ça que le fais dans mon annexe et pas dans PMA. Une ruse de sioux. Les andouilles auront du mal à casser mon billet de PMA puisque tout est "démontré" ici. Et les andouilles qui ne sont pas d'accord avec mon truc sur les blogueurs de droite incapables de fournir du contenu précis et complet seront coincés avec le présent billet.
SupprimerTout ce qu'ils vont faire c'est perdre du temps à faire des billets trop longs pour etre lus dans leurs blogs principaux pour démontrer que j'ai tort sans y arriver.
On s'amuse comme on peut et je n'ai pas grand chose à glander au bureau en cette période.
Vous êtes combien à bloguer ici bordel de bordel?
RépondreSupprimerUn seul. Mais gros.
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