mardi 5 octobre 2010

Ces loufiats précaires

Je suis de mauvais poil et c’est encore une histoire de bistro, de MON bistro, une histoire de la vie d’aujourd’hui, de l’individualisme poussé à son maximum, d’un rapport d’un patron et d’un employé qui oublient le bon sens.

Vous connaissez mon bistro ? Non. Tant pis. Un bistro de banlieue, calme comme tout, une belle petite affaire qui a remonté la pente après une mauvaise passe. Le patron, appelons-le B, était gérant, c'est-à-dire qu’il payait un loyer pour pouvoir tenir le fond de commerce.

L’ouverture d’un gros centre commercial a fait que l’affaire a pris un virage qui ne satisfaisait pas B. Il a arrêté en mai et un nouveau patron, à qui je n’ai même pas eu le temps de raconter cette histoire tant il était à la bourre, hier.

B. a retrouvé du boulot comme directeur d’un bistro qui relançait. Pas gérant, juste directeur, avec les promesses d’un monde meilleur.

Une partie du personnel de mon bistro est partie avec lui ce qui m’a laissé fort désolé tant j’aime bien le monde qui m’entoure… Seul J. est resté, j’étais content, il était loufiat dans mon bistro depuis 5 ans. Comme il était arrivé très jeune (23 ans), c’était un peu notre protégé, à toute la bande, de Tonnégrande à Joël en passant par Djibril et moi.

Un moi après, J. a arrêté, suite à une engueulade avec le patron, une connerie comme il peut se passer tous les jours ou presque dans une petite boite. Dans une grosse boite, le patron serait allé voir sa hiérarchie et l’employé ses collègues. Tout se serait terminé dans des embrassades à la machine à café avec des promesses de « non je ne recommencerai pas ». D’ailleurs, tellement c’est insignifiant, je ne sais plus de quoi il s’agit.

J. est allé travailler avec B. et ses anciens collègues. Agitant deux neurones, nous avons tous compris que c’est probablement B. qui a incité J. au clash. Parlons clairement : B. a probablement débauché J.

Ca se passait bien. Jusqu’à ce que…

J. devait faire l’ouverture du nouveau bistro, hier, comme souvent. Cette fois, personne n’avait pensé à lui filer la clé. Il n’a pas pu ouvrir. Il s’est fait engueulé par le grand patron qui l’a viré sur le champ. J. a appelé B. pour lui expliquer la situation et B. l’a laissé tombé, comme une vieille chaussette, d’après J. Il lui aurait dit que c’était à lui de se démerder pour avoir les clés, comme à chaque fois, ce qui d’après J. n’est pas vrai. Je ne jette la pierre à personne (il me semble que si j’avais l’ouverture d’un commerce à faire le lendemain, je me serais personnellement assuré d’avoir les clés mais un oubli est vite arrivé).

J. est en période d’essai donc il ne peut rien dire mais comme il a été débauché, on peut supposer que les prud’hommes auraient une vision un peu différente… Et c’est précisément ce qui m’emmerde : on ne traite pas du personnel comme ça.

Le grand patron est probablement un margoulin sans scrupule. B. mérite des baffes, à débaucher du personnel et à ne pas le protéger à la première escarmouche. J. a fait le con, chez deux patrons et mériterait aussi une torgnole.

Mais ils sont des millions comme ça, à ne penser qu’à leur gueule, prêts à tout pour réaliser des rêves idiots pendant que d’autres millions manifestent pour sauvegarder des acquis sociaux.

Je sentais le vent venir. J. s’était rapproché de moi, il y a 15 jours, après m’avoir ignoré tout l’été. Je crois bien qu’il doit payer son loyer avant le 12 du mois. Il faut que je retrouve mon carnet de chèques, je crois, et que j’appelle ma sympathique banquière…

Il retrouvera du boulot, c’est un loufiat sympa et compétent. On en manque à Paris.

B. se fera entuber, probablement, dès qu’il aura remonté sa nouvelle affaire, le grand patron ne lui laissera pas la gérance et prendra un nouveau salarié pour la diriger.

Et tous, continueront individuellement à s’en sortir, au jour le jour, rebondissant de boulot qui ne se devrait pas précaire en boulot qui ne se devrait pas précaire. Sans discuter. Sans réfléchir. Sans rien.

Ce n’est pas grave, des gros gauchistes ont un carnet de chèque pour assurer leurs arrières. Ils continueront à gueuler contre ces fainéants de grévistes, ces fonctionnaires protégés, ses salariés de grosses boites, fainéants comme pas deux. Et resteront incapables d’assurer leur subsistance quotidienne dans la sérénité. Le gros est là pour avancer le loyer.

Allo, Madame Q. ? Vous pouvez faire un virement de 800 euros de mon CODEVI vers mon compte à vue ? Merci.

5 commentaires:

  1. Histoire pas marrante... Je comprends ta colère.

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  2. Bah ! Elle est retombée. J'aurais eu un clavier à 20h30, hier soir, ça aurait été autre chose !

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  3. Bon, entre l'histoire de J. et celle de la nouvelle femme de ménage, on est en berne ici!
    Assez sordide cette hsitoire, tout de même. Et virer sur-le-champ pour UN oubli de clés...

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  4. Zette,

    J'espère que tu as fait la relation entre les deux histoires. "mes jeunes".

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  5. Comme d'habitude, tu racontes merveilleusement bien et en plus, tu fais passer des messages qui me plaisent beaucoup...Bravo...

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