vendredi 5 avril 2013

Ceux qui n'ont rien compris à la blogosphère

7 ans que je blogue et je suis toujours aussi surpris quand je tombe sur un billet d’un « vieux » blogueur qui n’a toujours rien compris aux blogs, du moins à ce qu’était « notre blogosphère ». Je vais vous montrer ce qu'est ma blogosphère depuis ce matin, à partir de la liste des blogs auxquels je suis abonné.

Ma blogosphère

Il est midi dix. Je consulte mon Reader, et je tombe sur :
- un billet qui présente un magnétophone pour Androïd. Je zappe, je n’ai pas d’Androïd, pourtant je suis abonné à ce blog parce qu’il me donne plein d’informations utiles,
- un billet qui parle d’une inauguration d’un machin. Je zappe, ça ne m’intéresse pas. Je suis abonné par hasard à ce blog (un ancien blogueur a redirigé l’URL de son ancien blog vers ce site qu’il gère et comme c’est mon andouille préférée, je garde),
- un billet d’une copine qui raconte sa rencontre avec quelqu’un. Je lirai plus tard parce que c’est une copine (je veux dire par là qu’il est possible que le billet ne m’intéresse pas et que je zappe après deux paragraphes mais comme il ne porte pas sur l'actualité, je n'ai aucune raison de le lire maintenant),
- un billet d’un copain des leftblogs qui relaie la campagne du Sidaction. Je zappe parce que j’ai déjà eu les informations.
- un billet geek d’un copain qui parle d’une boite à outil en ligne pour gérer ses images. Je le garde pour une lecture pour plus tard (en espérant pouvoir me foutre de la gueule de Hollande et de sa boite à outils).
- un billet de Presse Citron qui annonce un nouveau machin d’Apple. Ca ne m’intéresse pas mais je suis abonné parce que c’est une référence.
- un billet d’un copain des leftblogs proche du Front de Gauche. Je lis de suite. Faites pareil, il est très bien.
- un billet d’un copain (récent) qui reprend une dépêche AFP que je vais lire (je suppose que s’il la diffuse, c’est qu’il souhaite informer ses lecteurs).
- un billet d’un copain des leftblogs « proche » de François Hollande, comme moi, je vais le lire et probablement le commenter. Tiens ! C’est rigolo, il rebondit sur mon billet de ce matin.
- un billet d’un pote où il met des photos de ses chiens que je commenterai plus tard pour rigoler et saluer ce pote et son épouse.

Ainsi est faite ma blogosphère (je n’ai pas cité tous les blogs geeks qui diffusent des informations qui, sur le coup, ne m’intéressent pas).

Ceux qui ne la connaissent pas

Le blog de la « charte Nethetic » a fait un nouveau billet. Je ne comprends pas qu’on puisse faire une charte de bonne conduite dans les blogs quand on connaît aussi peu la blogosphère et son aspect « pluriel » comme dirait Jospin.

La première phrase m’amuse beaucoup puisqu’elle m’est partiellement destinée mais tout le paragraphe est amusant, montrant la méconnaissance de la blogosphère de la part du rédacteur. « L’intérêt d’injurier dans les commentaires est de chercher avant tout à jeter un profond discrédit sur les responsables des contenus où ces insultes sont proférées. »

Ben oui ! C’est moi qui injurie. On m’expliquera comment des commentaires pas lus à part des procureurs en culotes courtes peuvent jeter un profond discrédit sur le blog ? C’est exactement le contraire qui se passe : les commentaires, même insultants, montrent que le blog vit. Mon blog politique, par exemple, a une moyenne de 17,7 commentaires par billet (ce qui fait probablement cinq ou six personnes différentes, j’ai la flemme de compter) alors que j’ai activé la modération (ça dissuade) et que je vire les commentaires anonymes qui ne sont pas sympathiques et ceux de quelques crétins que j’ai virés.

Dans un blog, il y a trois types de commentateurs :
-         les potes du taulier,
-         ceux qui apprécient le blog, soit pour le fond, soit pour le style,
-         ceux qui sont hostiles que l’on va appeler « trolls » même s’il n’y a pas que ça.

On se fout de ces derniers et les commentateurs des deux premiers types n’ont rien à cirer des insultes.

Le rédacteur fait un procès d’intention. On lira par la suite que je suis en fait beaucoup moins visé que Didier Goux, présenté comme « les blogueurs réactionnaires ». On ne veut même pas jeter un discrédit sur la personne injuriée et si on avait un blog dont il nous paraitrait utile de jeter intentionnellement du discrédit, on l’éviterait. Voire… Si nous trouvions un blog digne de discrédit, nous n’aurions pas besoin de le « faire » puisqu’il le ferait tout seul.

Par exemple, je reçois beaucoup de propos négatifs sur mon blog ou dans Twitter, du genre : « tu es nul, tu n’apportes rien, tes analyses sont foireuses. » Outre le fait qu’à chaque fois je suis partagé entre la crise de rire (ça dure depuis le début : des types me lisent alors qu’ils n’aiment pas ce que j’écris, il faut vraiment être tordu pour me lire, limite maso) et la colère (de quel droit il se permet ?), je sais parfaitement où l’on trouve du crédit chez moi. D’une part, avec mon ton péremptoire, il donne du baume au cœur aux soutiens d’Hollande et, d’autre part, mon ton plait à un tas de gens qui ne seraient pas intéressés par les blogs politiques.

Je continue l’étude de texte du billet de Nethétique.

A propos des injures : « Elles y ont rarement un caractère non “maîtrisé”. » C’est vrai. Je reconnais qu’il m’arrive d’insulter les gens après avoir picoler mais généralement elles sont parfaitement maîtrisées. Par contre, laisser entendre qu’elles le sont pour jeter du discrédit sur un blog est complètement con. Elles sont maîtrisées pour d’autres raisons, généralement pour rigoler.

« A l’automne 2012, ces injures qui prirent un caractère paroxystique furent très souvent liées à la présence de membres éminents de la “réacosphère” parmi les commentateurs. » Ce paragraphe est très intéressant parce qu’il montre bien la « parfaite méconnaissance » de la blogosphère de la part du rédacteur. Ca fait quatre ou cinq ans que Didier Goux et moi sommes potes et que nous jouons le même jeu ou plutôt des jeux parallèles (moi, j’insulte, lui, il tourne en dérision). La présence de réacs dans mon entourage est historique : ça fait des années que ma blogroll est le point d’entrée de nombreux réacs dans la blogosphère de gauche.

Notons que dans la plupart des cas, les insultes en question tournent autour d’une seule personne : Euterpe. Le rédacteur pourrait s’interroger à propos des motivations de nos prises de positions contre cette brave jeune fille que l’on connaît depuis des années et qui ne manque pas de faire savoir partout qu’elle déborde d’envie de nous arracher les couilles.

Dans ce billet,  le rédacteur présente quelques insultes. Vous noterez qu’il n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il en site une de moi (« vieille pute »), dans ce billet de Sarkofrance, mais sans me mentionner. Je dis « vieille pute » le 7 octobre à 20h29 : il est pourtant aisé de suivre la conversation pour voir ce que j’avais pris dans la gueule avant de la part de cette charmante jeune fille. 20h10 « Sûr que Nicolas Ier devenu 3ème enrage à fond ! ». Pas de gros mot mais insultant quand même.  20h12, un commentaire à peu près identique. 20h24 : un nouveau commentaire contre moi mais qui se termine par une charge contre Sarkofrance sans même qu’elle ne s’en rende compte. Lisez (non, je plaisante) le tout : elle me fait un procès à charge comme le rédacteur (de Netéthique) « nous » fait un procès à charge.

Continuons…

« Sans trop d’effort, ils parvinrent alors à transformer les blogs de “gauche” en véritables pugilats entre blogueurs proches du gouvernement et ceux du Front de Gauche. » Rigolo, ça ! Totalement inventé. D’autant qu’on n’a pas besoin des réacs pour se foutre sur la gueule…

« Ces “réacs” – en mal d’occupation – y prennent alors la matière à leur propre inspiration ! » L’allusion à l’occupation est-elle une tentative de vérification de la loi de Godwin ? Pour le reste, il faudrait probablement que j’arrête de m’inspirer des propos de Jean-François Copé pour écrire des billets.

« Au final, le discrédit est collectif. » Le discrédit de quoi ? On aimerait bien savoir. Pour ma part, je trouve que ma blogosphère, celle où on fait des billets et où on s’amuse ensuite dans les commentaires est parfaitement discrédité par ce genre de personnes qui voudraient nous dire ce qu’on a à dire. Ma blogosphère est une blogosphère de liberté d’expression et voir des chartes comme ça la discrédite complètement (elle discrédite surtout les auteurs de la charte, d’ailleurs).

La blogosphère n’est pas un espace de ceux qui auraient voulu être des journalistes ou des éditorialistes ou de ceux qui pensent à avoir une information plus importante que celle des autres. Ma blogosphère est la blogosphère de tout le monde ; j’allais dire de « tous les citoyens » mais ça aurait limité la blogosphère à la politique.

Si un commentateur d’un blog cuisine dit dans un billet avec la recette du pot-au-feu qu’il est important de bien choisir la moutarde, je me réserve le droit de le traiter de trou du cul parce que je considère que la moutarde cache le goût de la viande. Il y a un tas de gens qui viennent nous dire « ah ! qu’est-ce que c’est bon le pot-au-feu » en oubliant que c’est le plat du pauvre et qu’ils y rajoutent de la moutarde ce qui cache tous les goûts.

Continuons

« Mon adhésion à Netéthic s’inscrit dans le souci de contribuer à ce que nos blogs soient des espaces de dialogue citoyens apaisés. » Des citoyens apaisés ? Ils n’auraient pas le droit de dire « vieille pute » à une furie qui les trolle depuis des années dès qu’ils font la moindre plaisanterie à caractère sexuel ? Bravo…

« L’activité de la blogosphère s’inscrit dans le champ public. » On est d’accord. C’est donc la loi qui s’applique pas une charte qui rappelle des tribunaux expéditifs. Dans la loi, il y a une procédure pénale, qui nécessite de laisser la parole à la défense… et de faire un minimum de recherche pour savoir d’où viennent les injure.

« Et c’est là ce qui la différencie avec une bande de copains qui raconte tout et n’importe quoi dans les réseaux sociaux qui disposent très souvent d’espaces privés ! »

Cette conclusion mérite d’être encadrée. Tout d’abord, la blogosphère est un réseau social. Je prends la définition de Wikipedia de ce qu’est un réseau social : « Site internet qui permet aux internautes de se créer une page personnelle afin de partager et d'échanger des informations et des photos avec leur communauté d'amis et leur réseau de connaissances. » Cette définition pourrait s’appliquer à merveille aux blogs.

Ensuite, les blogs peuvent disposer d’espaces privés mais c’est un détail.

Surtout, je revendique le fait d’utiliser mon blog pour raconter tout et n’importe quoi avec les copains, dans le cadre de la loi française.

Je revendique le caractère pluriel de la blogosphère qui n’est pas un espace réduit pour quelques observateurs de la vie politique qui se croient meilleurs que tous.

10 commentaires:

  1. "Une bande de copains qui racontent tout est n'importe quoi"
    Merde je ne savais pas que la blogosphère s'était dotée d'un comité de rédaction ayant un droit de regards sur les contenus.
    "Le dîner de cons": insulte dans le titre, sous-entendus dans le texte: mais que font les censeurs bordel?

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    1. Par delà la plaisanterie, tu soulèves un point important : ils ne se rendent pas compte qu'ils insultent réellement des gens. Tu prends une grand mère qui utilise son blog pour papoter avec leurs copines : et paf ! Ils sont déconsidérés par la dernière phrase.

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  2. Je n'ai lu que la première partie du billet, parce que votre style gonflant me gonfle, et je n'ai pas l'intention de perdre du temps avec des gros nazis avinés.
    ...

    Cette histoire de charte est une merveille. Il y a la plus grande insulteuse de la blogosphère dans les signataires, la compteuse de peintresses et d' architectrices, alors je me demande combien de temps elle va se retenir de godwiner à fond la caisse.

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    1. Oui. C'est fascinant. Ils ne sont pas conscients.

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  3. Il y a une quinzaine d'années (quand j'étais un jeune internaute) il y avait un truc dont on parlait beaucoup sur internet (mon premier FAI l’intégrait même dans sa doc) qu'on appelait «La nétiquette» qui avait le bon gout d'être «une règle informelle» (c'est wikipedia qui le dit http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9tiquette ).

    j'ai toujours trouvé ce truc plein de bon sens et assez bien foutu.

    Contrairement à toi je me frite assez rarement avec les blogueurs et le peu que j'ai lu de Netéthic et des proposition de ce groupe me pose un petit problème, ça part d'un très bon sentiment, mais çà n’intéresse malgré tout qu'une frange "marginale" de la blogosphère (enfin c'est mon avis) si comme moi on n'est ni blogueurs politique (ou du moins qu'on ne se défini pas comme ça, et qu'on ne se frite pas sur le fond ou la forme ça n'a que peu d’intérêt.
    J'ai surtout l'impression que le vrai problème de toute ses chartes de bonnes conduite et de non agression partent du principe que TOUS les blogs fonctionne de la même manière. ce qui est entièrement faux, il y a presque autant de définitions du blog de son fonctionnement et de son "éthique" qu'il y a de blogueurs. bien fou celui qui pense pouvoir trouver une définition commune pour tout ce qui est écrit sur la blogosphère.
    Mais enfin, si ça peut leur faire du bien de se labelliser sous une chartes de bonne conduite (même si c'est peu crédible) c’est leur problème. et finalement tout ce qui peut amener les blogueurs a s'interoger ensemble sur leur pratique est a mes yeux très bien.
    Même si à l'arivée ça ne fait pas bouger grand chose

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    1. D'accord avec tout.

      L'étique c'est surtout le respect d'un savoir vivre tel qu'on se le définit.

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  4. Très bon billet, d'autant plus qu'il dit des choses sympas :)

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